La présente Action s’inscrit dans le cadre de la Convention de Financement n° FED/2016/039-048 signée le 11/04/2017, mettant en place le « Programme d'appui à la gestion concertée des Aires Protégées et Ecosystèmes Fragiles du Tchad (APEF) », dont l’objectif global est de « Promouvoir la conservation durable et concertée de la faune sauvage, de la biodiversité et du patrimoine du Tchad au bénéfice des populations », et l’objectif spécifique de « Promouvoir la gestion concertée des aires protégées et écosystèmes fragiles du Tchad ». Au sein d’APEF, l’Action concerne le Résultat 3 « Patrimoines sahélo-sahariens », dont l’axe principal est la mise en place des conditions de réhabilitation, de création et de gestion concertée de sites prioritaires.
Les provinces du Borkou, du Tibesti et de l’Ennedi Ouest, qui couvrent 568.000 km², possèdent un patrimoine culturel diversifié et une riche biodiversité encore peu connue, exempts de toute mesure de protection et de valorisation en dehors de la Réserve naturelle des lacs d’Ounianga (628 km²) et de la Réserve de faune de Fada Archei (2.110 km²).
Ces régions qui couvrent la moitié du territoire tchadien sont encore marginalisées. Par exemple, l'Enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire des ménages ruraux (ENSA) ne couvre le Borkou que depuis 2015 et le Tibesti depuis 2016. La zone ne reçoit pratiquement pas de précipitations. L'élevage nomade extensif exploite la plus grande partie du territoire. Les systèmes oasiens qui couvrent une infime partie du territoire, sont basés sur l’exploitation des palmeraies, la culture des herbacées, l’arboriculture et l’élevage des petits ruminants, là où l'eau affleure. À cela s'ajoute l'exploitation du natron, limité à un petit nombre de sites. Le tourisme encore très limité en nombre de visiteurs, ne manque pas d'atouts entre les reliefs et les écosystèmes désertiques, la faune et les peintures rupestres.
La zone d’intervention de terrain est composée de la province du Borkou et du département d'Ounianga Kebi dans l'Ennedi Ouest, soit une population globale estimée à environ 286.900 habitants répartis dans 41.000 ménages vivant en majorité au-dessous du seuil de pauvreté .
Les défis sont entre autres : l’ensablement des oasis, la destruction des galeries arbustives, la faible diversification des activités économiques et la forte mobilité des ménages dictée par les effets des changements climatiques. Les infrastructures hydroagricoles sont vétustes et ne répondent plus aux besoins en eau des ménages plus nombreux qui recolonisent d’autres espaces arides afin d’y réaliser des activités agricoles et l’élevage de petits ruminants.
Les écosystèmes oasiens ne font l'objet d'aucun programme d'appui spécifique, leur gestion et leur conservation ne sont pas prises en compte dans les stratégies et programmes nationaux. La lente dégradation de ces milieux fragiles, contribue à la faible valorisation de la production locale de dattes et à la baisse des revenus des producteurs.
Les ménages voient leurs conditions de vie se dégrader lentement. Le mode de vie nomade devient de plus en plus précaire et un nombre grandissant de ménages encore semi-nomades ces dernières années, se sédentarisent maintenant dans des localités d'où sont absents les services sociaux : accès à l’eau potable, éducation, formation professionnelle, soins de santé humaine et animale, assainissement. La détérioration des conditions de vie des populations suite aux aléas climatiques d’une part et l’arrivée massive des jeunes sur le site aurifère du Tibesti d’autre part fragilisent les communautés et modifient les règles de gestion des ressources naturelles.
Pour contribuer substantiellement à relever ces défis, la présente Action est organisée comme suit :
L’Objectif global de l’Action est de : « Contribuer à la protection, à la gestion concertée et à la mise en valeur durables des écosystèmes fragiles et sites patrimoniaux au bénéfice des communautés locales des zones sahélo-saharienne et saharienne »
Les Objectifs Spécifiques (= Effets directs/Résultats) de l’Action sont :
O.S 1 : Renforcer la gestion concertée des ressources naturelles du Patrimoine Mondial des lacs d'Ounianga
O.S. 2 : Evaluer et appuyer la réhabilitation et la valorisation des patrimoines naturels et culturels et des écosystèmes sahariens du Borkou et du Tibesti
Les 4 extrants escomptés pour contribuer aux objectifs de l’Action sont les suivants :
Extrant 1. (O.S. 1) : Les capacités du gestionnaire et des comités locaux de gestion du site du Patrimoine Mondial des lacs d’Ounianga sont renforcées pour l’opérationnalisation du plan de gestion.
Extrant 2 (O.S. 1) : Des initiatives d'opérateurs locaux visant la réhabilitation et la pérennisation des agrosystèmes et patrimoines oasiens exceptionnels des lacs d’Ounianga sont lancées durablement
Extrant 3. (O.S. 2) : La connaissance des potentiels écologiques, hydrologiques, productifs, culturels, touristiques des écosystèmes oasiens du Borkou et du Tibesti, est améliorée et valorisée.
Extrant 4. (O.S. 2) : Des initiatives d'opérateurs locaux visant la réhabilitation et la pérennisation des agrosystèmes et patrimoines oasiens exceptionnels du Borkou sont lancées durablement
Les groupes cibles de la présente Action sont i) les organisations et institutions locales structurant l'action des communautés locales dans les domaines de l'agriculture, de la gestion de l'eau, du tourisme et de la gestion des ressources naturelles ; ii) les services techniques de l'environnement, de l'agriculture, de l'élevage et de la gestion de l'eau ; iii) les autorités locales, chefs traditionnels et comités régionaux, départementaux et locaux d'action (CRA, CDA, CLA) ; iv) les opérateurs économiques à la recherche de ressources et de sites à exploiter dans les régions du nord du Tchad et v) les institutions nationales chargées de préparer des actions nationales de gestion et de conservation des zones humides, de planifier le développement économique et social dans les régions du nord du pays.
Les activités de l’Action visent à donner à tous les groupes cibles les informations, outils et méthodes qui leur sont utiles pour améliorer les modes de gestion des ressources naturelles, rendre leurs activités plus efficaces, développer de nouvelles initiatives pour valoriser leurs ressources et leurs patrimoines. Ces informations concernent en premier lieu des ressources partagées telles que les sites des lacs d'Ounianga, les ressources en eau, les terres fertiles et les palmeraies de Faya et de Bardaï. Les informations concernent également les menaces sur les ressources et les opportunités d'en améliorer la gestion. Les outils et méthodes servent le partage des informations et le dialogue, la planification, la coordination et le suivi participatifs du développement, aux plans communautaires et au sein de chaque type d'acteur. À quelques exceptions près, les activités s'adressent donc à l'ensemble des acteurs qui progressent de façon cohérente, négociée.
Le principal bénéfice que tirent les groupes cibles des activités auxquelles ils sont associés, réside ainsi dans la capacité renforcée des organisations et institutions locales, des services techniques des différents ministères, des autorités locales et des opérateurs économiques locaux, à se parler, à concevoir, planifier et agir de manière coordonnée et efficace pour le bien de l'ensemble des communautés dans lesquelles ils se trouvent. Tous les groupes cibles y trouveront un cadre porteur rendant leur action plus efficace parce que mieux ciblée et préparée en accord avec les autres groupes cibles, réduisant ainsi les conflits d'intérêt et améliorant les synergies et les complémentarités.
Le plan de gestion du site des lacs d'Ounianga, les plans de gestion des palmeraies de Faya et de Kirdimi apportent aux groupes cibles une compréhension renouvelée de leur situation face aux contraintes qui sont les leurs, une vision de moyen terme cohérente et partagée, une distribution des rôles entre acteurs, des outils pour le suivi du changement. Ce sont autant d'outils à leur disposition pour renforcer la cohésion sociale, pour utiliser les ressources disponibles de la manière la plus efficace possible, pour en mobiliser de nouvelles au bénéfice du bien-être et de la résilience des bénéficiaires.
Dans le domaine de la conservation et de la valorisation des patrimoines, les institutions nationales bénéficieront des dernières connaissances accessibles dans les sphères scientifiques du monde entier, et de la meilleure expertise disponible pour analyser et penser l'avenir des richesses et patrimoines naturels et culturels des provinces du Borkou, du Tibesti et de l'Ennedi Ouest.
La présente Action vise à améliorer les modes d'utilisation et de valorisation des ressources disponibles qui sont à la base de l'activité des bénéficiaires finaux, à savoir les producteurs et les habitants des zones humides des provinces du Borkou et de la zone des lacs d'Ounianga dans l'Ennedi Ouest. L’Action travaille aussi à réduire les menaces pesant sur les ressources naturelles utilisées par les mêmes bénéficiaires. Grâce à l'amélioration des capacités des groupes cibles, elle apporte aux bénéficiaires des services de meilleure qualité, plus d'opportunités économiques, une plus grande visibilité sur leur avenir contribuant à une plus grande sécurité, à une moindre vulnérabilité.
Les activités à mener pour produire les extrants attendus de l’Action se déclinent comme suit :
PATRIMOINE MONDIAL des LACS d’OUNIANGA
Le site du Patrimoine Mondial des lacs d’Ounianga comprend 18 lacs interconnectés, situés dans le désert du Sahara, dans la province de l’Ennedi Ouest (cf. carte 1 ci-après). Il s’agit d’un large complexe de lacs (62.808 hectares) dans un environnement hyperaride et d’un paysage naturel exceptionnel qui doit sa beauté à la variété spectaculaire des formes et des couleurs. Le périmètre du bien a été établi pour assurer son intégrité. Le zonage pour la gestion du site prend en compte les pressions s'exerçant sur le site, qui sont actuellement en grande partie concentrées autour du lac Yoan, le plus grand des lacs qui s’étend sur 358 hectares avec une profondeur de 27 mètres.
Le système hydrologique des lacs d'Ounianga fonctionne et le niveau d'eau des lacs est constant, excepté une petite variation saisonnière ; et grâce à l'alimentation des eaux souterraines, l'évaporation est continuellement compensée. La beauté et l’esthétique du bien sont aussi très bien conservées. Même s'il y a une population non négligeable autour des lacs Yoan et Teli, celle-ci a pris des initiatives ces dernières années qui rendent compatibles les activités humaines avec la conservation des valeurs du site. En particulier, le décret n°95 du 07 février 2012, complétant le décret N°077 du 10 décembre 2010, qui a pour objet la régulation du développement de l’agriculture et le droit d’usage des ressources naturelles par les communautés locales en lieu et place d’une agriculture intensive, renforcera également la conservation du bien.
Le site des lacs d'Ounianga est classé comme « site naturel » au Patrimoine Mondial de l’UNESCO mais ce n'est pas une aire protégée. La responsabilité du bien incombe au Ministère en charge de la Culture. Le bien dispose d’un plan de gestion, de ressources ainsi que du personnel chargé de sa mise en œuvre et du suivi.
Actuellement, il existe un plan d’action mis en œuvre à travers les associations locales pour éviter les effets négatifs sur le site tels que le développement urbain, la production de déchets, l'agriculture non durable etc. et pour s’assurer que le trafic, le tourisme et autres utilisations sont maintenus à des niveaux qui n’auront pas d’impact sur la valeur universelle exceptionnelle. Plusieurs associations locales créées à l'initiative des autorités gouvernementales locales et des communautés locales sont également responsables de la conservation du bien (2 comités locaux de gestion).
Extrant 1 (O.S. 1) : Les capacités du gestionnaire et des comités locaux de gestion du site du Patrimoine Mondial des lacs d’Ounianga sont renforcées pour l’opérationnalisation du plan de gestion
Activité A1.1 : Évaluation de l'efficacité de la gestion du site des lacs d’Ounianga
L'inscription d'un site sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO impose un certain nombre de contraintes en termes de qualité de gestion. Celle-ci exige également un suivi périodique permettant de s'assurer de la persistance des valeurs pour lesquelles le site a été classé. Ce suivi nécessite l'utilisation d'un outil spécifique, appelé Enhance our Heritage (EoH), mis en œuvre avec l'appui de l'UNESCO et de son partenaire technique l'UICN.
Le plan de gestion du site des lacs d’Ounianga a été élaboré en 2013 pour la période 2014 – 2023. L'évaluation qui sera menée en début d’Action correspondra, ainsi, à la mi-parcours de la période de sa mise en œuvre.
Cette évaluation concerne tous les domaines de l'état actuel des valeurs du site, des menaces et de la gestion du site. Elle permettra de faire le point de la mise en œuvre des actions, des engagements des parties prenantes, à commencer par l'État et les services publics.
Deux comités ont été mis en place à Ounianga-Kebir et Ounianga-Saker, ainsi qu'un Comité Scientifique, mais leur niveau d'activité et leur efficacité sont mal connus. Le suivi et l'appui des services techniques sont irréguliers.
Le suivi et l'appui des services techniques sont irréguliers. Ces comités et les services techniques participeront activement à l'évaluation EoH. Celle-ci renforcera les connaissances des membres de ces comités et des services techniques sur le fonctionnement de la Convention du Patrimoine Mondial et les implications sur le site des lacs d'Ounianga.
Les résultats de l'évaluation seront présentés aux acteurs et opérateurs locaux dans le cadre d'une réunion publique, à Ounianga Kebir. L'évaluation fera encore l'objet d'une réunion de restitution à Ndjamena au Ministère en charge de la Culture, ministère de tutelle du site, et au Ministère en charge de l'Environnement de façon à sensibiliser les autorités nationales à soutenir la bonne gestion du site. L'évaluation servira de base au prochain rapport sur le site adressé à l'UNESCO.
Cette activité sera pilotée par les conseillers de l’UICN, en particulier de l’unité Patrimoine Mondial basé à Dakar appuyés par deux experts de l’UNESCO qui interviendront aussi sur l’activité A1.3
Enfin, les conclusions de cette évaluation documenteront le plan de gestion et seront susceptibles de le faire évoluer.
Activité A1.2 : Révision et opérationnalisation du plan de gestion du site des lacs d'Ounianga
L'évaluation EoH (Activité A1.1) documentera le plan de gestion du site, permettra d'en apprécier la faisabilité avec plus de précision, et de proposer des modifications, évolutions si nécessaire, en particulier si le contexte a changé. Cependant, le site des lacs d'Ounianga étant un site naturel habité, les populations locales sont parties prenantes de la gestion du site, qui doit servir à la fois les intérêts de la conservation de la valeur universelle du site et les intérêts des communautés. Même s'il impose des contraintes, le classement du site doit être compris comme un intérêt, une valeur ajoutée pour les communautés. L'activité vise à organiser un travail d'analyse et d'anticipation avec les communautés. La place des femmes et des jeunes fera l'objet d'une attention particulière dans l'ensemble du processus de révision du plan de gestion.
Atelier de révision du plan de gestion
Le plan de gestion a déjà permis il y a plus de 5 ans, une réflexion approfondie sur les conditions d'une gestion durable du site, des règles d'utilisation des ressources ont été établies, mais la mise en œuvre du plan est en deçà des objectifs fixés faute de compétence et de moyens suffisants. De plus, sans accompagnement, les communautés cherchent et appliquent des solutions qui peuvent régler leurs problèmes à court terme, mais engendrer des effets négatifs, contraires aux objectifs initiaux.
Ainsi, un atelier réunissant des représentants de tous les types d'acteurs parties prenantes de la zone des lacs d'Ounianga, leur fournira les outils leur permettant de comprendre leur situation, d'évaluer leur vulnérabilité et de réviser le plan de gestion dans le cadre d'une vision de long terme cohérente avec les objectifs du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
SOSSIT et APIDEL organiseront l'atelier de révision du plan de gestion avec un appui technique de l'UICN sur les contraintes imposées par le statut du site.
Formation des comités - Élaboration du plan d'action annuel
Les comités de gestion, le CRA, le CDA et les CLA coordonnent l'ensemble des actions sociales et économiques de la zone. Leur rôle, complémentaire de celui des opérateurs, est essentiel dans l'efficacité des actions entreprises, de façon à jouer les complémentarités, les synergies des actions et à s'assurer de la conformité des actions avec les politiques nationales et leur respect des procédures administratives. La formation leur donnera les outils pour être les maitres d'ouvrage du développement de leur zone, pour piloter et coordonner la mise en œuvre du plan de gestion. L'activité prêtera attention à la place et au rôle des femmes dans les différents comités.
La formation sera centrée sur l'élaboration et la mise en œuvre de plans d'action annuels, découlant du plan de gestion. Le plan d'action annuel (un pour chaque comité de gestion local) valorisera les résultats de l'évaluation de la vulnérabilité des communautés. Il inclura un mécanisme de suivi participatif des actions et des résultats (cf. « Activités transversales »).
Communication sociale / Publication
Le plan de gestion, les stratégies de développement ne sont efficaces que si toutes les parties prenantes y adhèrent et les mettent en œuvre. Cela nécessite de communiquer les choix, les orientations retenues à l'ensemble de la population dans des termes compréhensibles par toutes les franges de la population. La communication sera faite sous différents formats adaptés au contexte et aux orientations. Des éléments de communication spécifiques pourront être mise en œuvre à l'attention de publics particuliers (opérateurs touristiques, éleveurs, femmes, etc.).
SOSSIT animera le processus d'élaboration de la stratégie de communication qu'APIDEL mettra en œuvre sur le terrain.
Activité A1.3. Mise en place d’un dispositif de suivi écologique du site des lacs d’Ounianga
Le site des lacs d'Ounianga est classé « Site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO » sur la base de valeurs naturelles exceptionnelles. La République du Tchad doit périodiquement répondre de l'état de ces valeurs naturelles auprès de l'UNESCO. Au-delà de l'évaluation ponctuelle présentée en activité A.1.1., le gestionnaire du site doit pouvoir suivre les éléments essentiels de ce qui fait la valeur exceptionnelle du site. La présente Action soutiendra la mise en place d'un système de suivi écologique sensible à la place des femmes, qui sera mis en œuvre sous la coordination des comités de gestion locaux.
Les éléments constitutifs du système de suivi écologique seront réfléchis avec la mission d'évaluation EoH. Les modalités de suivi seront discutées sur le terrain avec l'ONG APIDEL, avec l'appui méthodologique de l'UICN.
De même, les axes d'un programme de recherche seront décidés lors de la mission d'évaluation EoH pour approfondir quelques questions essentielles pour la gestion du site sur le long terme. Le programme sera affiné avec l'aide de l'UICN et proposé au Comité Scientifique et Technique du site des lacs d'Ounianga et soutenu financièrement par l’Action dans la limite des fonds disponibles.
Extrant 2 (O.S. 1) : Des initiatives d'opérateurs locaux visant la réhabilitation et la pérennisation des agro systèmes et patrimoines oasiens exceptionnels des lacs d’Ounianga sont lancées durablement
Activité A2.1 Mise en œuvre du plan de gestion du site des lacs d’Ounianga
Bien que le classement du site ait été mené par l'État Tchadien, sa gestion relève quasi exclusivement des acteurs locaux. Ceux-ci ont encore une capacité limitée en matière d'organisation et en technique de gestion des ressources naturelles. Un renforcement des capacités techniques et organisationnelles des acteurs locaux est, par conséquent, prévue, en amont et tout au long de la mise en œuvre des plans d’actions annuels, issus du plan de gestion du site. L'activité utilisera une approche genre de façon à s'adresser de façon spécifique aux différentes composantes des communautés locales, en particulier les femmes et les jeunes.
SOSSIT et APIDEL concevront cette activité. APIDEL la réalisera sur le terrain.
Formations sur le tas / Visites d'échange
Les organisations locales sont gérées par des professionnels de différents domaines, ayant le plus souvent un faible niveau d'instruction. Leur formation ne peut s'envisager qu'à partir du terrain avec des approches adaptées aux pratiques locales. La formation peut s'envisager de différentes façon, dans le cadre de l'action elle-même, menée avec un appui méthodologique. Les visites d'échanges entre sites aux caractéristiques en partie comparables permettent aux acteurs de prendre du recul, de comprendre les particularités de leur situation, les atouts et les contraintes.
Cette activité sera précédée d’un recensement et d’un diagnostic (institutionnel et organisationnel) des organisations locales de la zone d’intervention.
Réalisation des actions du plan de gestion
L'action financera quelques-unes des actions prioritaires du plan de gestion. Celles-ci concernent en particulier la protection des sites par les aménagements de fixation des dunes, la gestion des ressources en eau, la collecte des déchets ménagers, les activités liées au tourisme, les activités agricoles, etc.
Elles seront réalisées selon trois mécanismes, à savoir :
1) Les actions de type communautaire, telles que la fixation des dunes (palissades et plantation de Tamarix) et la valorisation des terres récupérées (anciennement ensablées), seront mises en œuvre par les communautés et les organisations locales (groupements, en particulier), sous la coordination de l'ONG APIDEL. La réalisation de ces actions contribuera à la formation technique des organisations locales.
2) Quelques actions seront menées sur appels d'offres lancés à l'endroit des entreprises et organisations locales capables d'y répondre de façon assez professionnelle. Il peut s'agir de d'aménagement de puits foncés, de petits aménagements d'adduction d'eau, ou d'aménagements touristiques, d'opérations de gestion des déchets.
3) Enfin, une partie des actions sera menée grâce à des petites subventions, attribuées sur la base d'appels à micro-projets (cf. Activité A.2.2. ci-après).
Un système de suivi des réalisations sera mis en place pour documenter la réalisation du plan de gestion et pour prolonger le bénéfice de la formation.
Publication de manuels de vulgarisation technique
Les formations doivent être soutenues par des documents qui prolongent les effets de la formation proprement dite. Les documents doivent tenir compte des capacités de lecture limitées des personnes et se concevoir sous forme de manuels techniques, mais aussi de support pour la discussion entre les personnes. Les manuels s'adressent aux personnes participant aux formations, aux leaders des communautés et aux groupes au sein desquels ils circulent et peuvent être discutés, valorisés.
SOSSIT s'alliera les ressources de spécialistes de la communication pour concevoir et publier des manuels utiles aux organisations locales des régions du Borkou, du Tibesti et de l'Ennedi. APIL et APIDEL seront chargés de leur diffusion et de leur valorisation sur le terrain.
PATRIMOINES SAHARIENS du BORKOU et du TIBESTI
Au nord-ouest du Tchad, les provinces du Borkou et du Tibesti couvrent 370.0000 km² (cf. carte 2 ci-après). La population y est modeste et très irrégulièrement répartie. Le massif montagneux du Tibesti est constitué de hauts plateaux et de cônes volcaniques évasés qui culminent entre 2.500 et 3.300 m d'altitude. Le climat de la région est hyperaride, les amplitudes thermiques sont fortes, les précipitations sont faibles et irrégulières. Seuls des cours d’eau temporaires coulent de manière épisodique lors de crues, dans les vallées du Tibesti. Quelques nappes d'eau sont pérennes et superficielles, permettant l'installation de petites palmeraies comme à Bardaï et Zoumri au Nord. La population résidente du Tibesti est très peu nombreuse. Le nord du Tibesti reste l'une des régions les plus inhabitées et les moins fréquentées du Sahara du fait de son climat extrême.
Le Borkou est un territoire en marche d’escaliers modelé par les vents, dans le corridor formé par les deux massifs montagneux de l’Ennedi et du Tibesti. Au sud commence la vaste dépression centrale tchadienne qui s'achève au sud par le lac Tchad. La population du Borkou est concentrée autour des principales oasis : Gouro au nord-est au pied du Tibesti, Tigui, Yarda, Kouroudi et surtout la dépression de Faya-Largeau au sud. Dans les oasis les ressources en eau sont importantes et en grande partie fossiles. La nappe régionale des grès est à l’origine de toutes les palmeraies, mares et sources. Les forages sont à fort débit et parfois artésiens jaillissants. L’agroforesterie y est une source importante de revenu, comme au Borkou, où les palmiers fournissent des dattes et des matériaux de construction. Au Borkou, les dattes sont le principal produit d’échange, auquel s’ajoutent le sel et le natron, extraits de petites mines artisanales et transportés par caravanes. Les grands marchés à l’est du Tchad se sont développés le long des principaux axes de communication et des zones frontières. Au nord ils sont limités aux principales oasis. Le Borkou est surtout une région d’élevage. Le commerce de bétail, y compris à l’exportation, est le plus florissant, et l’économie régionale est aussi impactée par les marchandises en provenance du Soudan et de la Libye. Le commerce des denrées agricoles, principalement vivrières, se fait plutôt sur les marchés locaux.
Au terme de la présente Action, les communautés et acteurs parties prenantes des deux principales oasis du Borkou disposeront des outils de réhabilitation et de valorisation durable des ressources naturelles. Ces outils leur permettront d'avoir une analyse d'ensemble de leur situation dans des territoires vastes arides et faiblement peuplés, et des conditions de leur valorisation durable. Ces outils couvriront les aspects techniques de la réhabilitation et de la valorisation durable, mais aussi et surtout les aspects sociaux et les arrangements institutionnels qui doivent porter les aspects techniques et les mener à une réalisation efficace, au bénéfice des ménages et des communautés.
Extrant 3. (O.S. 2) : La connaissance des potentiels écologiques, hydrologiques, productifs, culturels, touristiques des écosystèmes oasiens du Borkou et du Tibesti, est améliorée et valorisée.
Les immenses régions du Borkou et du Tibesti, dotées de particularités géographiques et d'un patrimoine naturel et culturel remarquables, n'ont fait jusqu'ici l'objet que de très rares activités de conservation et de valorisation ponctuelles. Dans l'arsenal juridique national, aucune mesure ne concerne spécifiquement ces régions. Les connaissances sont nombreuses et variées, mais sont dispersées et ne sont pas valorisées. Malgré le caractère unique et prestigieux du massif du Tibesti, les connaissances sont encore lacunaires et aucun programme n'a encore envisagé un travail d'ensemble destiné à gérer et valoriser ce patrimoine. L'activité vise à faire une synthèse des connaissances et des lacunes actuelles, à dégager des priorités d'action en matière de conservation et de valorisation des patrimoines naturels et culturels et enfin à préparer la mise en œuvre de ces priorités.
Le plan de conservation et de valorisation ciblé comprend l’identification des valeurs naturelles du patrimoine des immenses régions du Borkou et du Tibesti ainsi que la mise en place d’un plan de travail qui inclus l’identification consultative des zones et des actions prioritaires que les acteurs entreprendront après la clôture de cette Action.
Activité A3.1. Concertation internationale sur les priorités pour la conservation et la valorisation des patrimoines du Borkou et du Tibesti
Cette activité consistera en la production d’une synthèse des connaissances de la zone ciblée et leur traduction en termes de conservation de la biodiversité.
Synthèse des connaissances
Dans un premier temps, un document de synthèse sur les valeurs naturelles qui inclue l’état des connaissances pour chacune d’entre elles, la valeur et la nature des services écosystémiques, les caractéristiques socio-économiques de la zone, ainsi qu’une analyse des risques et des pressions auxquelles elles sont soumises, sera produit.
Cette synthèse sera issue en grande partie de la documentation publiée qui constituera une base documentaire qui sera mise à disposition sur le site l’Observatoire des Forêts de la COMIFAC (OFAC) par les conseillers techniques de l’UICN et par le technicien BIOPAMA de l’OFAC, ainsi que sur un nombre limité d’entrevues d’autres experts.
Elle fournira une base pour concevoir le plan de conservation et un état de référence pour élaborer un outil de suivi des valeurs naturelles.
Afin de produire la base de données et les analyses, l’équipe du projet recrutera une équipe de 2 à 3 experts composée de au moins 1 ou 2 experts internationaux et de 1 ou 2 experts ou chercheurs nationaux, pour un total d’environ 150 hommes/jours. L’équipe sera appuyée par les conseiller techniques de l’UICN. Cette mission se rendra à N’Djamena et à Fada pour finaliser la base documentaire et pour conduire des entrevues. L’activité se déroulera en début de projet.
Rencontre internationale
Dans un deuxième temps, à l’issue de la production de cette synthèse, le projet organisera une rencontre internationale à N’Djamena ou seront conviés une quarantaine d’acteurs de la conservation et du développement durable afin de valider les priorités et de prendre connaissance du document de synthèse qui posera les bases d’une stratégie de conservation.
Cette rencontre devra intervenir au maximum au milieu de la deuxième année de l’Action.
Élaboration d'un plan d'action stratégique national et priorisation
Il s’agira d’une part de doter les acteurs de la conservation et les décideurs politiques d’un document stratégique consensuel qui permettra de fédérer les acteurs et les bailleurs en se basant sur l’analyse et les entrevues réalisées (cf. ci-avant). Le plan d’action prévu par cette action consistera d’une part en un document de vision partagée par les parties-prenantes, les scientifiques et les autorités du pays qui permette d’articuler un consensus pour l’aménagement et pour l’avenir de la région. Ce document de vision inclura une partie technique basée sur la synthèse produite ci-avant, qui détaille les actions prioritaires à entreprendre et les moyens humains et financiers à mettre en œuvre qui guidera en partie les critères d’attribution des subventions des activités, ainsi qu’un ensemble d’indicateurs clefs de la biodiversité qui seront ensuite établis en système de suivi participatif (cf. « Activités transversales »).
D’autre part, il s’agira de faciliter la mise en œuvre du plan d’action sur deux sites pilotes identifiés comme prioritaires